J’ai rencontré une militante mod… érée

Alors je vous jure, il n’y a qu’au Modem qu’on peut voir ça. Non parce que tous les autres militants, dans tous les partis politiques, ne jurent que par leur candidat, ou a minima essayent de vous convaincre de voter pour lui, parce que c’est le plus beau, le plus intelligent, le mieux pour l’avenir de vos enfants, le plus mieux qui sauvera vot’ retraite, Ma’ame Michu!! Enfin d’habitude c’est comme ça que ça se passe…Mais pas au Modem.

Non, au Modem, les militants sont différents, à l’image du message que leur candidat essaye de faire passer: pas d’idéologie, mais un pragmatisme teinté de moralité et de conscience. Alors a priori, ce genre de positionnement, ça a plutôt tendance à me parler. Les dogmes sont absolus, et ne tolèrent pas qu’on puisse sortir du carcan intellectuel sur lequel ils sont bâtis et dans lequel, par là même, ils nous enferment. Et ceci est vrai, que le dogme soit religieux, politique ou scientifique. Or le monde est tout, sauf absolu. Le blanc et le noir n’existent pas dans la vie, il n’y a qu’une infinité de nuances de gris. Et donc, très vite, le dogme se retrouve confronté à la réalité, et pour les défenseurs du dogme se pose le problème de comment concilier des faits réels entrant en contradiction avec leur système de pensée. Au final, c’est souvent par l’intimidation ou le dénigrement de ceux qui contrarient le dogme que cela passe (il n’y a qu’à se souvenir de Galilée et de comment l’église catholique a accueilli ses théories astronomiques). En politique, c’est fondamentalement la même chose, le dénigrement et l’intimidation étant monnaie courante, surtout dans la campagne actuelle.

Donc j’en reviens à la militante du Modem, sur laquelle je suis tombé pendant que je faisais mon marché (hé oui, comme tous les dimanches, les enfants). Donc la demoiselle tractait pour une visite de son chef de file qui va bientôt tenir meeting dans notre bonne petite ville de province. Comme c’est la première fois sur mon marché que je vois des militants Modem, je m’arrête, je prends un tract et je commence à discuter cinq minutes, comme je le fais à chaque fois que je prends un tract à un militant sur mon marché. Donc ça commence comme d’hab, ça fait longtemps que tu tractes, comment les gens réagissent, quels retours as-tu sur la campagne, sur ton candidat, etc… Alors rien de bien neuf, sinon une énième confirmation, le désintérêt grandissant des gens pour cette présidentielle. Avec quand même deux tendances bien distinctes, la classique « tous pourris, tous des menteurs, ils nous promettent monts et merveilles et nous la mettent bien profond dès qu’ils sont élus », et la moins classique mais en bonne voie de devenir un tube « quelque soit le gars qui sera élu, de toutes façons ça ne changera rien ». Et il faut bien avouer qu’il y a un fond de vérité dans chacune des deux…

Mais, à part ça, ce qui m’a frappé, c’est que même la militante me disait qu’elle n’était pas sûre de voter Bayrou. Là, je suis resté un peu con pendant dix à quinze secondes. J’ai bafouillé un « heu…, ben…, heu…, mais…. ben pourquoi tu tractes alors? ». Et là, toute naturelle, elle m’a répondu qu’elle aimait bien ce que disait Bayrou, qu’il lui paraissait sincère, mais que, pour en savoir plus, elle avait décidé qu’on n’est jamais aussi bien informé que de l’intérieur, et donc elle s’était lancé dans le truc afin de confirmer (ou d’infirmer, on verra ça d’ici un mois) ce qu’elle pensait du gars, et donc au final de quel nom il y aurait sur le bulletin de vote qu’elle glissera dans l’urne le 22 avril. Je dois bien avouer que je suis resté bluffé devant sa démonstration. Et effectivement, c’est une des rares militantes à ne pas essayer de convaincre les gens de voter pour son candidat, mais juste d’écouter ce qu’il dit, afin que chacun puisse se former sa propre opinion. Je ne peux que lui tirer mon chapeau, à la petite…

Alors est-ce que c’est une position tout à fait personnelle, où est-ce que c’est un positionnement stratégique de la campagne de Bayrou, je ne sais pas. En tous cas, c’est rafraichissant, voire même requinquant, de rencontrer quelqu’un comme ça, qui ne fait pas de prosélytisme pour sa paroisse, mais donne juste une info aux passants (Untel sera dans votre ville le tant, allez l’écouter, c’est important pour votre avenir). C’est le premier point vraiment positif de cette campagne. Tout n’est peut-être pas définitivement perdu, après tout…

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