C’est de la faute des autres, pas la mienne

Acculé par son bilan, et par un rejet massif de sa personne dans l’opinion, le candidat-président et son équipe de campagne doivent faire face à une situation délicate: comment justifier les erreurs commises pendant cinq ans, et demander au peuple de le laisser continuer comme ça cinq ans de plus. Alors j’ai abondamment évoqué les techniques de camouflage, de diversion, et de jeux sur les peurs. Il y en a également une autre, le c’est pas de ma faute, parce que c’est celle des autres.

On peut voir dans cette interview de Valérie Pécresse un bel exemple de la mise en application de cette technique. Au milieu du flot d’autosatisfaction et d’autocongratulation sur la sublimissime gestion financière du gouvernement durant le quinquennat, la ministre du budget nous dit que « puisqu’on nous reproche toujours d’avoir accru la dette publique de 500 milliards d’euros, je voudrais apporter la précision suivante : depuis 2007, nous avons dépensé 560 milliards en dépenses sociales pour les plus fragiles. » Sans le dire ouvertement, elle nous fait savoir que la dette de la France, qui a explosé ces cinq dernières années, c’est la faute des pauvres et des assistés… Ce n’est aucunement imputable au bouclier fiscal, ni au coût des différentes opérations militaires, en particulier en Lybie (dont on ne sait même pas exactement combien ça nous a couté, voir ici et ici), ni aux niches fiscales dont le candidat-président vient tout juste de découvrir que les entreprises les utilisaient pour faire de l’optimisation fiscale, où à l’avion à 170 millions qu’il s’est payé … Non, non, c’est la faute des pauvres!! Alors juste pour revenir sur le plan comptable, Marianne2 a analysé le petit calcul de la ministre du budget, qui illustre bien comment on peut manipuler les chiffres pour leur faire dire ce qu’on veut.

On sent bien que l’équipe de campagne du candidat-sur-talonnettes est aux abois, qu’elle ne trouve plus de moyens de justifier l’injustifiable, et donne donc dans la surenchère démagogue. Ils usent de tous les trucs et astuces listés dans le guide du parfait manipulateur d’opinion, mais cela ne prend plus. Plus que deux semaines d’ici le premier tour. Il faut s’attendre à d’autres propos dans le style, d’autres vagues d’arrestations de barbus, d’autres forfanteries du candidat-modeste-du-peuple, mais il faut tenir bon, ne pas se laisser intoxiquer, et se rappeler de tout ça avant d’entrer dans l’isoloir, et surtout, ne pas mettre un bulletin avec le nom du sortant dans l’urne…

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Un commentaire pour C’est de la faute des autres, pas la mienne

  1. Lamo dit :

    Pour ma part, même si je pense qu’effectivement des boules puantes et des coup bas vont pleuvoir, je ne vois pas comment le gniaf peut retourner une opinion qui lui est majoritairement hostile.
    très hostile.

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