Droit dans le mur…

Une fois n’est pas coutume, mais je ne vais pas m’acharner sur une belle langue de bois de machin ou de truc… Non aujourd’hui, je vais plutôt donner dans une réflexion un peu plus générale… Alors je vous entends déjà (surtout ceux du fond de la classe qui n’attendent qu’une chose, que la cloche sonne), normalement c’est un blog qui dénonce la langue de bois, et là on s’écarte manifestement du sujet… Oui mais pas tant que ça au final, vous verrez bien à la fin du post… Allez, quoi, faites moi un peu confiance!

Alors je vais commencer par vous raconter ce qu’il m’est arrivé au marché hier. Je sais, je vous l’ai déjà faite, mais je vais au marché chaque semaine, et ce que j’apprécie dans le marché, entre autres, c’est qu’on a un échantillon représentatif (ou presque) de « la France d’en bas », expression forcément entre guillemets car délicate à utiliser tellement on a voulu mettre de trucs dedans (même notre actuel-président-futur-??? a voulu nous faire croire qu’il en faisait partie, c’est dire…). Donc je me ballade dans le marché, je recroise cette militante socialiste qui était déjà là la semaine dernière avec son programme de Hollande dans les mains. Bon je l’ai déjà gonflée pendant au moins dix minutes dimanche dernier, alors je vais pas trop la saouler aujourd’hui… Je continue mon petit bonhomme de chemin et je tombe sur un militant écolo qui me plante un flyer d’Eva Joly dans les mimines. Bon, ben c’est l’occase de discuter deux minutes, et donc on blablatte un peu sur l’ambiance générale de la campagne, sur comment les gens réagissent quand il distribue ses tracts. Alors pour lui, son impression c’est que les gens sont plutôt très intéressés par l’environnement mais pas par l’écologie politique, ce qui selon lui serait la cause du faible score de son chef de file dans les sondages. Bon, j’en profite quand même pour lui rétorquer que si Eva est si bas dans les sondages, c’est peut-être aussi qu’elle fait une mauvaise campagne. Un peu gêné, il finit quand même par reconnaitre qu’effectivement, ça pourrait mieux se passer. Donc on continue un peu à discuter de la campagne d’Eva, et pourquoi elle ne se passe pas si bien que ça. Alors on peut en imputer une partie à Eva et son entourage, faut quand même bien avouer que niveau com’ et stratégie de campagne, c’est pas le top du top… Mais cette partie là est la moins intéressante à regarder, passons donc à l’autre partie, celle du système médiatique qui fait que seuls deux types de candidats vont marquer des points. Il y a d’abord les candidats des deux « gros partis », qui de fait sont sur-exposés médiatiquement par rapport aux autres. Bon OK, ça peut paraitre normal de prime abord, car à eux deux ils représentent à peu de choses près 50% du corps électoral. Ben oui, mais c’est quand même oublier l’autre moitié du corps, et au passage le pluralisme qui a toujours fait l’essence de notre démocratie. Le deuxième type de candidat qui marche, c’est celui qui est un « bon client » pour la télé. Donc ceux qui crient plus fort que les autres, qui font de la surenchère, qu’elle soit invective ou électoralement prometteuse. Alors dans les bons clients de la surenchère invective, on pourra citer évidemment la représentante de la flamme, et puis aussi Jean-Luc Mélanchon. Il faut quand même lui reconnaitre ça, à Jean-Luc, c’est qu’il sait captiver un auditoire, il passe bien à la télé, et il fait de l’audience. On a donc là quatre « têtes d’affiches » pour l’univers médiatique de la campagne, et c’est eux qu’on entend le plus parler, et c’est d’eux qu’on entend aussi le plus parler. Vous avez beaucoup entendu Poutou du NPA ou le clône d’Arlette de lutte ouvrière, vous, à la télé? On en a tellement entedu parler que j’ai oublié le nom du clône… tant pis pour elle. Et de l’autre côté de l’échiquier, on peut pas dire qu’on soit envahis par les images de Villepin ou de Dupont-Aignan. Sauf que Dupont-Aignan, on en a bien entendu parler sur le net après l’histoire de Cantona et du ‘Si Sarkozy passe, ça finira dans le sang ». Mais à part ça, tintin, peau’d’balle, que dalle… Du coup on se recentre sur nos quatre « têtes d’affiche ». Sauf que sur ces quatres là, y’en a deux qui jouent dans les deux catégories de « bon clients » que j’ai cité juste avant. En effet, les deux cadors du PS et de l’UMP sont de facto par leur statut sur-exposés. Mais en plus, ils font dans la surenchère. Entre les 75% d’imposition pour l’un, en mode total impro, puisque même le responsable des finances pour le projet socialiste n’était pas au courant avant que François balance ça à la télé, et qui au final a été mal expliqué, puisque quasiment personne n’a compris exactement ce qu’il voulait faire, et l’autre qui se fait passer pour un candidat du peuple tout en envoyant Guéant nous faire peur en nous disant que le vote des étrangers aux élections locale égale la bouffe hallal dans les cantines de nos enfants (une équation d’une pertinence scientifique rarement égalée, ne trouvez-vous pas?). Donc ça se chamaille pire que des minots dans une cour de récré, ça se tire dans les pattes, ça pousse des cries d’orfraie quand le camp d’en face fait ce qu’on vient de faire il y a cinq minutes, ça parle de scandale à tout bout de champ, enfin bref, pour résumer en faisant court, ça tourne à la mascarade carnavalesque…

Tout ça pour en venir où, me direz-vous. Et bien pour en venir au fait que sur mon marché, pratiquement personne ne parle des élections. A midi, dans le resto inter-entreprise, pratiquement personne ne s’intéresse à la campagne. A force de surenchère, de démagogie, et tout ça fait de façon si ostensible, les gens ont l’impression d’être pris pour des cons. Conclusion: certains voterons dans les extrêmes, et beaucoup iront à la plage le 22 avril, au lieu d’aller dans les bureaux de vote. Il y a cinq ans, tout le monde en parlait, discutait, débattait, il y avait une certaine électricité dans l’air, mais dans le sens positif du terme. Aujourd’hui il y a de la tension dans l’air, mais plus aucun enthousiasme. Au final, on se dit que si la campagne continue à ce niveau (c’est à dire au niveau des taupes), on va droit dans le mur…

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