Culot, foutage de gueule, ou inconscience?

Je ne l’ai pas écouté à la radio ce matin, mais depuis j’en ai bien entendu parler, donc je suis dit que ça vaudrait le coup d’aller me le farder en podcast. Bon vous avez bien compris, il s’agit de notre président-candidat-à-rolex. Alors d’entrée de jeu, ça commence fort avec la première question de Patrick Cohen, qui questionne son invité sur le style présidentiel, pour savoir si ce sera le même lors du prochain quinquennat, en cas de réélection. Et là le candidat se lâche: « Je vois bien l’un des problème de la vie politique où l’on s’attache tellement d’avantage à l’image qu’au fond ». Dans sa bouche, c’est quand même énorme. C’est lui qui a institutionnalisé ce mode de gouvernement médiatique où l’on gouverne en fonction du JT de la veille et où l’on prépare celui du lendemain. Il l’a même affirmé au début de sa campagne: afin d’imposer l’agenda médiatique, il fera une proposition par jour jusqu’au premier tour. Se construire une image différente de ce qu’il est en réalité, c’est le cœur même de sa stratégie pour cette élection. Bon, en même temps, il est un peu obligé, car s’il capitalise sur son bilan, c’est clair qu’il va droit dans le mur. Un exemple à brûle-pourpoint: quand on le voit marcher dans la rue comme Mr Tout-Le-Monde, c’est bien joli niveau com’, mais ce qu’on oublie, c’est la partie coupée au montage, celle où les 20 gorilles du GSPR se planquent dans les embrasures de portes ou derrière des poubelles, afin de pouvoir faire une séquence de 10 secondes où on a l’impression qu’il est seul dans la rue. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres, mais venir déplorer un attachement plus grand à l’image qu’au fond… ça se passe de commentaires.

Alors derrière ça enchaine avec une autre question de Cohen, à propos du reproche qui est souvent fait à Sarkozy, une différence entre le dire et le faire. Sauf qu’au passage Cohen passe une petite couche de pommade au président, comme quoi les français saluent son énergie, son volontarisme…Bref, revenons sur l’essentiel, le décalage entre le discours et les actes. Je suis bien placé pour abonder dans le sens de Cohen, puisque je dénonce cet aspect du candidat-président pratiquement à chacun de mes posts. Et là, réponse de Sarkozy: « Vous savez certainement qu’en cinq années de quinquennat, j’ai eu à affronter trois années de crise qui ont failli emporter le monde ». Evidemment qu’on l’attendait, celle-là. Au final, cette crise économique mondiale, c’est du pain béni pour le candidat-président: tout ce qui n’a pas marché, tout ce qu’il n’a pas pu faire, ben c’est la faute à la crise. Sauf que là, implicitement, Sarkozy répond sur les promesses de campagne non tenues. Alors j’en ai déjà parlé, il y a des gens qui on fait une liste exhaustive de ces fameuses promesses de campagne non tenues, mais en fait Sarkozy élude tout une partie de la question. Il y a certes eu les promesses de campagne, mais il y a aussi eu toutes les annonces qu’il a fait en tant que président, ou que son gouvernement à fait sous sa présidence. Au hasard, un petit exemple, la fameuse prime de mille euros, qui au final s’est transformée en obole donnée à quelques salariés des grosses entreprises, et rien pour tous les autres (salariés de petites entreprises, fonctionnaires). C’est bien aussi sur cela que portait la question. Mais non, Sarkozy ronronne à partir de là, en particulier sur Florange et comment il a convaincu Arcelor-Mittal d’investir 17 millions sur le site. On pourra au passage noter le peu de combattivité de Cohen sur le coup. Au lieu d’insister et de recadrer le candidat sur la question d’origine, il le laisse pérorer tranquillement sans contradiction. Alors quand même, au bout d’un moment, il se risque à poser une question sur Gandrange, sur la promesse de non fermeture suivie par la fermeture effective moins d’un an plus tard. Et là, Sarkozy, royal: « Les engagements qui ont été pris sur Gandrange ont été scrupuleusement tenus ». Ben va dire ça aux ouvriers de Gandrange, d’ailleurs ils attendent toujours ta visite depuis 2008…

Alors ça continue comme ça, on passe en revue la proposition de Hollande sur la taxation à 75% des très hauts revenus, sur les emplois dans l’éducation nationale et sur ce que ça coûte… Puis arrive mon moment préféré de l’interview (en deux parties sur Dailymotion, voici la deuxième partie), ou Sarkozy nous la joue « Plus c’est énorme, plus ça passe ». Un auditeur lui explique que, voulant assister à un des déplacements présidentiel, il s’est fait refouler par les forces de l’ordre parce qu’il n’avait une invitation de l’UMP. L’auditeur conclu sur « Vous avez été le président d’un parti politique, pas de tous les français ». Et là, Sarkozy fait mine de ne pas voir de quoi on lui parle, et répond: « Il (en parlant de l’auditeur NDLR) ne m’a pas suivi dans mes déplacements, je serais d’ailleurs ravi de l’inviter sur un de  mes déplacements, il verrait que ça ne correspond pas à la réalité des choses ». Le gars vient de lui raconter quelque chose qu’il a vécu, et Sarkozy lui répond que ça ne correspond pas à la réalité… Plus c’est énorme, et plus ça passe.

Franchement, que penser d’un gars qui monte chaque jour d’un cran dans le foutage de gueule, et qui nous prend de plus en plus ouvertement pour des cons? Est-ce que c’est simplement une bonne dose de culot? Je ne crois pas, on est au delà de ça. Alors juste du foutage de gueule absolu. Certes, mais ça va encore plus loin. Sarkozy croit en ce qu’il dit, et ce qu’il dit nous démontre qu’il est tout simplement totalement inconscient de ce que nous vivons au quotidien, il est déconnecté de la réalité et pense vraiment avoir raison. Moi, je pense à mon bulletin de vote, et il n’y aura pas marqué Sarkozy dessus…

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4 commentaires pour Culot, foutage de gueule, ou inconscience?

  1. lau dit :

    Quel courage vous avez eu!
    Pour ma part, j’ai allumé la radio pendant ma tournée de soins, vers 8h45-50.
    Et je suis tombé sur ce brave monsieur (ceci dit sans aucune suffisance envers lui, mais au sens premier du terme), qui interpellait Mr le Président sur le fait qu’en cinq ans il commençait enfin à s’adresser aux français, qu’il était celui de l’UMP et pas de tous les français.
    Je n’ai pas eu le courage d’écouter la réponse : rien qu’à la façon dont il a répondu en prononçant le prénom de ce monsieur pour jouer la proximité, j’ai eu trop peur d’absorber trop d’ondes négatives, de m’exposer à un déblatérage d’indécence et de mépris bien habillé en habits de soie….je vois que je n’ai rien raté que je ne savais déjà se passer dans la mauvaise foi.
    Mais j’ai rallumé pour écouter les actus de 9h : le « …c’était bien agréable » m’a bien fait marrer.
    Comme comédien on ne fait pas mieux!
    Je me demande seulement comment certains peuvent y croire.

    L’an passé, un copain de classe de mon fils, lors d’un exercice de français, a écrit cette phrase trop drôle que mon fils nous a rapporté : « les gens naïfs croient en N. Sarkozy. »
    Il avait dix ans!

    • benderattaque dit :

      La vérité sort de la bouche des enfants! C’est toujours aussi vrai. Quand aux 27% annoncés (et là encore on peut mettre en doute les plans de com’ et la soumission plus ou moins volontaire de la majorité des médias) qui y croient encore, c’est justement parce qu’ils se contentent de ce qu’ils voient à la télé et ne prennent pas la peine de réfléchir. On sous estime grandement les bienfaits d’une réflexion approfondie…

  2. lau dit :

    Bah oui, je sais.
    J’ai fait une école d’audiovisuel, avant que de devenir infirmier.
    Du deuxième boulot, j’ai la chance immense, et dure à la fois, de voir le monde dans sa réalité la plus réelle : les gens chez eux, dans leur intimité, qui me font connaître leurs joies et peines, leurs états d’âme, leur souffrance, leurs espoirs.
    Et du premier, comment manipuler les messages pour influencer l’état d’esprit de qui le reçoit.
    Que l’écran qu’on regarde est juste une partie limitée dans notre champ visuel et non pas la réalité toute entière.

  3. Un mensonge répété dix fois reste un mensonge; répété dix mille fois il devient une vérité. » (Adolf Hitler) » .
    Si il y a des élections (et que les machines a voter « frauder » ne biaise pas le résultat ) on pourra clairement connaitre le nombre de con qui se sont fait endormir ou flasher le cerveau par nos gentilshommes . Je m attend a une énorme et désagréable surprise :/

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