Chose promise, chose due

Bon ça faisait un petit moment qu’on ne s’était plus revus. J’étais pas mal occupé ces derniers temps. Mais là, quand même, je ne peux pas laisser passer, et à plusieurs titres. Tout d’abord, je vous l’avais promis il y a déjà quelques temps. Alors quand on s’insurge contre quelque chose (en l’occurrence la langue de bois, l’hypocrisie, le mensonge, les promesses non tenues – bref, pour paraphraser Pépin, les hommes politiques) la moindre des choses c’est de ne pas faire ce contre quoi on gueule comme un cochon qu’on égorge, et si vous ne l’avez jamais entendu de vos propres esgourdes, je peux vous promettre, mes agneaux, que ça gueule sacrément, un cochon qu’on égorge… Ensuite, il y a le fait que quand on dit des conneries comme ça, il faut bien que quelqu’un le dise. Hé ben, voilà, le quelqu’un, c’est moi! Ne vous en faites pas pour mes chevilles, j’ai les bas de contention de Mémé Lucette, ça aide à supporter le poids! Alors comme d’hab’, je suis toujours un peu long dans mes intros, mais c’est comme ça, je démarre doucement histoire de lancer la machine, et après seulement, une fois que le moulin est bien chaud, on peut donner du gaz et aller taquiner la zone rouge sans risquer de couler une bielle.  Bref, j’en reviens à mon sujet. J’ai allumé la télé ce matin avant d’aller bosser. Et là je vous entends déjà, ouais, il nous l’a déjà faite celle-là, il va encore se plaindre d’un truc qu’il a vu à la télé ce matin, il n’a qu’à pas la regarder, sa lucarne, le matin, et il arrêtera de venir nous provoquer une augmentation de volume avec ses textes sans queue ni tête. Certes, je ne peux qu’abonder dans votre sens, n’empêche, c’est bien pour vous que je me sacrifie héroïquement en allumant la télé, et en allant chercher, parfois au péril de ma santé mentale, du matériau pour alimenter mes divagations bloggo-fumeuses. Je mets donc le contact de la boite magique, et sur qui je tombe? Je vous le donne en mille: Ségolène. Avec elle, plus besoin de mettre un nom de famille, tout le monde sait de qui on parle. Donc, voilà notre Ségolène, en digne porte-parole de la bravitude (d’ailleurs c’est bizarre, mon correcteur orthographique continue de me souligner ce mot en rouge… il aurait bien mérité d’entrer dans le dico, celui-là, tellement il est devenu mythique), venir nous donner une leçon sur les sondages et comment qu’ils ne reflètent en aucune manière la réalité. Alors j’ai déjà suffisamment tancé Nadine Morano sur le même genre de propos, mais je vais quand même en remettre une couche sur Ségolène, parce qu’elle le vaut bien. Parce qu’en 2007, elle s’en est bien servi des sondages, pour gagner la primaire socialiste, puis aller sortir la bravitude (oui j’y reviens mais j’assume… c’est quand même tellement énorme de sortir des conneries pareilles) sur la Grande Muraille, tout ça pour finir par se faire étriller par un nain psychotique dans le grand débat télévisé et par se faire avoiner dans les urnes. Donc, pour résumer en faisant court, les sondages n’ont de signification que quand ils vont dans son sens et viennent appuyer sa stratégie politicommuniquante (il est pas beau, ce néologisme, dites donc?). Alors forcément, en se moment, vu qu’elle se prend pile sur pile sondage après sondage, du coup les sondages ne veulent plus rien dire. Ben voyons… Et nous, on est des gros jambons. Certes. Mais là, ça pousse le bouchon un petit peu loin quand même, non? Mais s’il n’y avait eu que ça. Après elle a quand même enchainé sur le prix de l’essence fixé et imposé par la loi. Enfin, de l’essence et de cinquante autres produits soit disant de base. Parce que ça, aussi, si c’est pas de la langue de bois! J’avais déjà hésité à la fustiger il y a une quinzaine de jours quand elle avait sorti cette monstrueuse connerie. Puis j’avais lâché l’affaire, je m’étais dit que quand même, d’autres s’en chargeraient. Mais visiblement, soit ça n’a pas choqué grand monde, soit, et c’est une hypothèse bien plus probable, tout le monde s’est dit que, vu les sondages, il n’y avait même plus besoin d’avoiner Ségolène. Mais peu m’importe les sondages, c’est la teneur du propos qui m’interpelle. Parce qu’effectivement, vu depuis par chez nous, le peuple, a priori, si on me dit qu’on va bloquer les prix de l’essence à une valeur raisonnable, ça m’intéresse. Surtout que personnellement, j’ai tendance à accumuler les kilomètres dans les engins à moteur thermiques, qu’ils soient à deux ou quatre roues, et ces derniers temps, la douloureuse commence à être salée, donc ça m’intéresse encore plus. Alors donc logiquement, Ségolène nous dit que c’est possible, que ça a déjà été fait, et qu’alors même elle était au gouvernement… Presque qu’on pourrait croire que c’est elle qui l’a déjà fait. Pourtant, si on regarde bien, on s’aperçoit que ce n’est pas elle qui l’a fait (puisqu’elle était à l’époque ministre de la famille ou un truc plus ou moins du style, enfin, en tous cas, quelqu’un à qui on ne va pas demander son avis quand il s’agit de discuter prix du brut), et qu’en plus, il n’a jamais été question de fixer les prix, mais d’adapter le taux de taxation de l’essence pour amortir les variations du prix du baril. Et, jusqu’à preuve du contraire, amortir, ça ne veut pas dire figer (n’importe quel pilote vous le confirmera: mettez lui deux bouts de bois à la place des amortisseurs, envoyez le passer le grand gauche de la place des Frères Marcel à 240, et vous verrez ce qu’il vous dira). En plus, avec l’essence, c’est facile, on dispose d’une taxation spécifique pour jouer dessus. Mais pour les cinquante autres produits de base (d’ailleurs on ne sait pas bien ce qu’il y a derrière ce vocable, mais on peut fort logiquement supposer qu’il s’agit des pâtes, du beurre, du lait, des légumes et d’un peu de viande, soit en gros, un bon repas équilibré), c’est tout de suite vachement moins simple. La taxe qui s’applique sur ceux là, c’est la TVA. Et la TVA, c’est pas la France qui la fixe. Enfin plus ou moins. Parce que c’est officiellement la France qui la fixe, mais il faut qu’on demande à l’Europe. Souvenez-vous des ronds de jambes interminables avec nos amis allemands quand on a voulu baisser la TVA dans la restauration. Donc on ne peut pas (tout du moins facilement et rapidement) jouer sur la partie taxe du produit. Quant à jouer sur le prix et à carrément fixer un prix, pour les pâtes par exemple… Alors déjà, quel prix? Regardez dans n’importe quel rayon de supermarché: il y a au moins un facteur 10 entre les prix des pâtes… En plus, la commission européenne, elle considèrerait pas ça comme une distorsion de la sacro-sainte concurrence, par le plus grand des hasards? Donc on peut continuer à débattre pendant des heures, et surtout je peux encore choper des crampes dans les doigts à force de taper tout ce qu’il y aurait d’arguments pour démonter cette proposition d’un niveau démagogique encore rarement égalé. Au final, en réfléchissant à peu près deux secondes, on se rend compte de la désespérante vacuité d’une telle proposition. Du coup, lors de la troisième seconde de réflexion (oui, celle qui vient après les deux premières. Je sais, vous n’avez pas été entrainés à réfléchir plus de deux secondes d’affilée, mais je vais vous apprendre deux vérités qui vont changer votre vision du monde. D’une, d’un point de vue strictement physiologique, le cerveau humain a été conçu pour fonctionner, c’est à dire réfléchir, plus de deux secondes. C’est donc physiquement possible. De deux, réfléchir en profondeur à certaines choses permet de mieux les comprendre. Dingue, non?) on se dit que ce genre de proposition ne sert finalement qu’à attirer le gogo. Alors c’est vrai que ça marche, au moins dans un premier temps. Le problème, c’est qu’au bout d’un moment, les gens finissent par se dire: mais on nous avait pas promis que le prix des pâtes serait fixé? Et où est-ce qu’on arrive avec ça? Ben tout droit dans la flamme…

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