Là, quand même, fallait oser!

Alors d’habitude je ne suis pas un grand fan du 20h. Encore moins de celui de TF1. Mais ma curiosité a fini par l’emporter, et du coup hier soir je me suis retrouvé à me coller devant le clone de Claire Chazal (je ne sais même plus comment elle s’appelle, la pauvrette…) pour voir le président nous faire sa déclaration de candidature. Du coup de 20h à 20h10, je piaffe, je m’impatiente, je m’irrite, mais bon, allez, c’est de bonne guerre, TF1 profite de ce moment pour se dorer la pilule avec de jolis chiffres dans l’audimat… Arrive donc le moment tant attendu… Suspense, va-t’il se déclarer candidat ou pas? Bon, c’était un secret de Polichinelle, évidemment qu’il va se déclarer candidat. Non, l’enjeu n’est pas là, mais plutôt sur la justification de cette candidature. Ben oui, parce qu’il faut quand même se rappeler qu’il s’était présenté à nous en 2007 comme le candidat du mérite, de la valeur travail, et de la culture du résultat.

Alors pour le mérite, c’est gagné, rien qu’avec la tentative de nomination de son rejeton à la tête de l’EPAD, il a dézingué toute culture du mérite. C’est sûr qu’à 23 balais, avec seulement le bac en poche, on a bien mérité de présider une structure comme celle là. C’est ça, ou c’est juste que papa voulait trouver une jolie gâche dorée à son fiston? Du coup, le seul mérite, dans l’histoire, c’est d’être le fils de. Jolie démonstration pour la culture du mérite…

Pour la valeur travail, et au passage la France qui se lève tôt, ça a d’entrée de jeu bien commencé avec la soirée au Fouquet’s, ça a bien enchainé avec avec la semaine sur le yacht de Bolloré, et ça a continué avec les amourettes top-modelesques, les vacances en Egypte, à EuroDisney, enfin bref, tout sauf du boulot… Pendant ce temps là il mettait en place le bouclier fiscal qui permet à Mamie Bettencourt de récupérer chaque année un chèque de plus de 30 millions d’euros. C’est pourtant vrai qu’elle a gagné cet argent à la sueur de son front! Et vlan, dans ta gueule, la valeur travail!

Quant à la culture du résultat… là, franchement, on atteint des sommets. Quand Mr le Président vient nous faire des leçons sur la dette et la maitrise de la dépense publique, alors que c’est lui qui a fait exploser cette même dette (il ne faut pas oublier qu’un tiers de la dette a été contracté ces cinq dernières années), c’est non seulement se foutre de la gueule du monde, mais si on parle de résultats… Quand Mr le Président nous en fait des tonnes sur le chômage, allant même jusqu’à proposer un référendum sur les méchants chômeurs faignants, alors qu’en 2007 il se fixait un objectif pour le chômage à 5%, en disant qu’il a une obligation de résultat, et bla et bla et bla, et que si on y est pas « Je dis aux Français, c’est un échec, j’ai échoué et c’est aux Français d’en tirer les conséquences » (regardez la vidéo, c’est lui qui le dit!). Ben voilà, on y est, le taux de chômage avoisine les 10%, mais, tiens, bizarrement, là il n’en parle plus… Elle est belle la culture du résultat, tiens… Alors je pourrais continuer à multiplier les exemples sur la culture du résultat, mais je pense que la démonstration est suffisante. Si vraiment il se tenait à sa parole, il n’oserait même pas se présenter à cette élection.

Bon alors, comment il va justifier sa candidature, le monsieur? Ben il nous la joue Concordia: je suis le capitaine du navire, et en pleine tempête, le capitaine ne quitte pas son poste. Sauf que dans ce cas là, c’est le capitaine qui nous a conduit tout droit dans la tempête, que la tempête s’est transformée en ouragan, et que là on se dirige tout droit vers les rochers et qu’on va s’empaler dessus dans pas longtemps… Alors qu’est-ce qu’on fait? On laisse la barre au capitaine, et on rigole pendant que le bateau s’échoue puis coule, ou on vire le capitaine, on le fout par dessus bord, et on change de direction tant qu’il est encore temps? Les italiens nous ont donné un bon exemple: le capitaine de Concordia est en taule… Le seul bémol, c’est qu’il a fallu attendre que le bateau coule pour que les italiens emprisonnent le capitaine. Est-ce qu’on attendra d’être coulés pour se rendre compte de la situation, ou bien changeons-nous de cap maintenant? Les français décideront…

En tous cas, le président nous a fait une belle démonstration de langue de bois hier soir. Cynisme, démagogie, mensonges et contre-vérités, tout y est passé. Fallait quand même oser!

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