Rafraichissant, ou déprimant?

Alors pour une fois je ne vais pas écrire sur un politique qui nous fait de la langue de bois, mais plutôt sur un politique qui nous livre le fond de sa pensée sans détour. L’histoire est sortie aujourd’hui dans les médias, et c’est Nicolas Dupont-Aignan qui parle. En fait, il ne le sais pas, mais il est en train de se faire piéger au téléphone par Gerald Dahan qui se fait passer pour le King Canto et qui l’appelle soit-disant à propos du mal-logement. Et du coup, NDA se lâche, tout particulièrement sur président-candidat: « Je n’ai absolument pas confiance en Sarkozy, qui est une catastrophe ambulante. C’est dramatique, dramatique, dramatique ». On notera au passage le petit côté balladurien de la répétition finale.

Alors d’un côté, c’est vrai que c’est rafraichissant, car pour une fois un politique livre le fond de sa pensée sans détour, sans se soucier de comment ce sera repris, déformé et amplifié dans les médias. Pour une fois, un politique dit ce qu’il pense! Un grand jour à marquer d’une pierre blanche, car cela n’arrive plus si souvent que ça de nos jours.

Mais de l’autre côté, c’est également extrêmement déprimant, car il faut que le gars pense être au téléphone avec quelqu’un qui ne rapportera pas ses paroles pour qu’il livre ce qu’il a au fond du crâne. Alors que la politique, dans un monde idéal, devrait se baser sur la vérité, on voit bien comment ça tourne. D’ailleurs, on sens bien que NDA est quand même gêné à certains moments, en particulier quand il parle de Bayrou: « Tu ne lui répèteras pas! » Voilà donc la règle de base en politique: surtout ne jamais dire ce qu’on pense, et faire en sorte que ce que l’on dise ne soit pas répété… Ben merde alors!

Au final, qu’est-ce qu’on peut tirer de tout ça? Peut-être une idée pour nos molassons journaleux: au lieu de se brancher le ciboulot sur l’Agence France-Presse comme si c’était la matrice, et de régurgiter les communiqués de presse comme des perroquets trisomiques, ça vaudrait peut-être le coup pour les rédactions d’embaucher un ou deux imitateurs, afin d’avoir le fond de la pensée de nos politiques au lieu d’avoir seulement leur plans de com’ bien léchés où rien ne dépasse et où tout est politiquement correct. Imaginez ce qu’on pourrait tirer de notre président en talonnettes si il croyait parler à Guéant ou Hortefeux. M’est avis que ça serait drôlement instructif, en tous cas!

Cet article a été publié dans présidentielle 2012. Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire